Pascal Perrier décrypte le Baromètre CGP édition 2019

Pascal Perrier, Directeur Réseaux CGP-Courtiers et E-Business de BNP Paribas Cardif France, revient sur les besoins et les enjeux de la profession CGP dont le moral reste au beau fixe.

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L'intégralité du podcast de Pascal Perrier est retranscrit ci-dessous :

[00:00:00] Gilbert Roux : Bienvenue sur l’Info en Plus, le podcast destiné aux conseillers en gestion de patrimoine et courtiers, partenaires de Cardif.

[00:00:07] Gilbert Roux : Rendez-vous incontournable de chaque rentrée, le baromètre des CGP et de leurs clients réalisé par BNP Paribas Cardif en collaboration avec l'institut Kantar est le thème que nous abordons aujourd'hui dans l'Info en Plus. Cette étude est unique en son genre et elle a pour objectif de prendre en quelque sorte la température du marché des conseillers en gestion de patrimoine bien sûr et de leurs clients. Quelle est l'évolution du marché et la vision du métier à court et moyen terme ? Quelles sont les attentes, les craintes ou les besoins de nos partenaires CGP et de leurs clients ? Pour analyser et décrypter les grandes tendances de l'édition 2019, nous recevons aujourd'hui Pascal Perrier. Il est directeur des réseaux CGP courtiers et e-Business de BNP Paribas Cardif France. Bonjour Pascal Perrier, et bienvenue au micro de l'Info en Plus.

[00:00:49] Pascal Perrier: Bonjour.

[00:00:50] Gilbert Roux : Pascal, je souhaiterais que nous débutions en plantant le décor si je puis dire : comment a été réalisée cette étude ? Quelle est la méthodologie employée ? Qui sont les CGP et les clients qui ont été interrogés ?

[00:01:00] Pascal Perrier: Avant de dire comment on a conduit l'étude, je voulais remettre un peu les choses dans leur contexte et dire que c'est la treizième année consécutive que Cardif mène maintenant cette enquête et prend le pouls de ses clients, de ses partenaires, pour effectivement voir comment se porte la profession et quels sont effectivement les demandes, les besoins de la profession et les enjeux. Le faire depuis 13 ans, c'est aussi un marqueur fort de la présence de Cardif sur ces marchés et nous pose vraiment comme un interlocuteur, j'allais dire quasiment incontournable, des CGP dans cette profession patrimoniale.

Pour répondre à votre question de savoir effectivement comment est-ce qu'on l'a conduit. On l'a conduit par téléphone sur 300 CGP et sur 500 clients dont 250 clients qui sont clients des CGP et 250 clients qui ne sont pas clients des CGP, qui sont des prospects et qui, on le verra, ont des typologies un petit peu différentes tant dans le patrimonial, que dans leur âge, que dans leurs besoins. C'est intéressant finalement d'avoir suivi ces deux populations de clients. C'est une étude qui dure une vingtaine de minutes, et c'est la méthode classique des quotas lorsqu'on fait des sondages par téléphone.

[00:02:10] Gilbert Roux: Si on revient sur les CGP, en 2018, ce qui marquait vraiment fortement l'étude, c'était le moral. Un moral au beau fixe des CGP, et aussi leurs clients, qui sont vraiment attachés à eux, et qui les considèrent comme étant les meilleurs en capacité de répondre à leurs besoins et à leurs attentes. Est-ce que cette année c'est le cas, est-ce que cette tendance se poursuit dans le temps ?

[00:02:30] Pascal Perrier: C'est intéressant. Comme je vous disais on prend le pouls de la profession depuis 13 ans. Ce qu'on peut dire c'est que depuis 3 ans, c'est aussi un marqueur fort et on verra tout le long de l'interview que ça commence à s'enraciner et que la profession bouge beaucoup, on est sur des niveaux historiques puisqu'on est au plus haut encore une fois cette année on ne bouge pas, on est à 93 % de satisfaction globale des CGP dans la vision qu'ils ont de leur profession et de leur avenir. À l'intérieur, il y a effectivement un certain nombre d'éléments plus précis, 8 CGP sur 10 voient des perspectives de développement fortes et 70 % des CGP qui sont dans des cabinets de trois personnes ou plus voient des afflux de clientèle. On est dans une profession qui, aujourd'hui, non seulement a une bonne vision de son avenir de par le périmètre macroéconomique, mais qui aussi constate au quotidien que les clients viennent, qu'ils sont en capacité de collecter des nouveaux clients. Il y a aussi d'autres éléments qui sont vraiment importants, c'est la vision qu'ont les clients de leurs CGP. Vous le rappeliez, là aussi, d'année en année la vision qu'ont les clients de leur CGP s'améliore, puisqu'on a 89 % de bonnes opinions au global et 33 % des clients des CGP ont une très bonne opinion, alors que 82 % d'entre eux, je donne un peu des chiffres mais ils sont importants, considèrent que le CGP est le meilleur conseiller patrimonial possible dans l'offre de conseils patrimoniaux qu'on peut avoir, les banques ou sociétés de gestion entre autres.

Un autre élément qui est vraiment important, et là je dois dire qu'il faut rendre aussi hommage à la profession elle-même. Ce que l’on avait noté les autres années c'est qu'il y avait un espèce de déficit de notoriété. C'est une profession qui a du poids dans la collecte patrimoniale parce qu'elle représente à peu près 6 % du canal de distribution de la gestion patrimoniale au sens où on l'entend pour les clients, c'est-à-dire des clients qui ont plus de 75 000 euros d'encours financiers Et d'année en année on voyait bien qu'ils étaient présents dans l'écosystème financier mais qu'ils étaient méconnus. Ça, ça avait interpellé la profession l'an dernier et les deux chambres, toutes les deux, ont pris des initiatives en ce sens et ont fait des campagnes de notoriété qui ont très bien marché et on voit cette année que la notoriété spontanée de la profession de CGP auprès des non-clients, parce qu'on l'a testé sur le segment non-client, avait progressé très fortement.

Pour résumer la première question, est-ce qu'ils vont bien ? Oui ils vont très bien, ils voient arriver des nouveaux clients, leur notoriété s'améliore, la qualité de leurs interventions est mieux notée chez leurs clients et ils ont, pour la plupart d'entre eux, en tout cas 8 sur 10, une volonté de se développer et de racheter des cabinets. C'est une profession qui est très dynamique aujourd'hui et qui a l'avenir devant elle.

[00:05:38] Gilbert Roux : Justement puisqu'on parle de ce dynamisme qui caractérise la profession des CGP aujourd'hui, on se rend compte parmi les items qui ont été développés dans l'étude de 2019, qu'il y a par exemple un item qui ressort beaucoup, très fort, ça concerne la loi Pacte. Et 70 % d'entre eux, des conseillers en gestion de patrimoine, pensent que pour eux c'est une vraie opportunité commerciale. Qu'est-ce qu'on peut en déduire ? Comment analysez vous cet aspect ?

[00:05:58] Pascal Perrier: Moi je voudrais déjà revenir un peu sur ce qui s'était passé l'an dernier, c'est-à-dire que la loi Pacte l'an dernier, on ne voyait pas trop bien ce que c'était, on en parlait, c'était un peu en gestation. Du coup, la vision des CGP l'an dernier était plutôt négative. C'est-à-dire que, de tête, je crois que 28 % d'entre eux disaient : « Pour nous ça va nous faire moins de business ». Depuis, la loi Pacte a été retravaillée, elle a été revue. Dans la profession, la plupart des CGP la connaissent plutôt bien, 68 % des CGP la connaissent correctement, un certain nombre moins bien et les clients encore moins. Je crois qu'il n'y a que 10 ou 15 % des clients qui ont une vision à peu près correcte de ce qu'est la loi Pacte.

Le temps a fait son œuvre, les ordonnances sont sorties fin juillet. On sait maintenant ce qu'il y a dans la loi Pacte, on la connaît mieux et effectivement la loi Pacte c'est une loi, en gros en tout cas pour cette partie-là, qui va en quelque sorte remettre à neuf, les produits retraites qui étaient vendus, tels que le PERP ou le Madelin qui étaient vendus par les CGP. Les CGP sont pratiquement demandés comme conseils majoritairement sur les sujets de retraite. Ça tombe bien, parce qu'on a une nouvelle loi sur la retraite. Comme je vous l'ai dit, les clients ne la connaissent pas bien, d'ailleurs un certain nombre de clients ont déjà fait la démarche auprès de leur CGP, on l'a vu, on l'a mesuré dans le baromètre.

Les clients ont déjà fait une démarche ou sont prêts à faire une démarche pour aller voir leurs CGP, pour comprendre ce qu'il y a dans cette loi. C'est une vraie opportunité pour eux pour dire : « Nous on va vous aider, on va vous accompagner. Vous ne la connaissez pas bien. On va remplir une fois de plus notre rôle de conseiller patrimonial fiscal, et là en l'occurrence conseiller retraite ». D'ailleurs, 62 % d'entre eux se disent que ça va leur permettre finalement de recréer un lien, d'aller revoir les clients pour refaire un bilan que ça soit patrimonial ou retraite. En tout cas c'est une vraie opportunité de reprendre contact avec les clients, et de parler de retraite.

[00:07:59] Gilbert Roux : Pascal Perrier si on s'arrête quelques instants sur le point de vue des clients. Vous faisiez référence tout à l'heure à cette majorité d'entre eux qui finalement ne maîtrise pas vraiment la loi Pacte et qui en attend quelques explications, quelques éclaircissements de la part de leurs CGP. Est-ce que vous avez dans le volet clients de ce baromètre 2019 des CGP et de leurs clients, développé cet item-là, est-ce que vous avez demandé aux clients ce qu'ils attendaient réellement de leurs CGP ?

[00:08:21] Pascal Perrier: Si je reviens un peu sur ce que je vous disais tout à l'heure, 82 % des sondés, des clients des CGP considèrent que le CGP est leur meilleur interlocuteur en matière de conseils et quand on dit conseil lorsqu'on parle d'un CGP, on parle de conseil patrimonial dans son ensemble, on parle de conseil successoral, on parle de conseil fiscal, de conseil en ingénierie, et la retraite j'allais dire est un des éléments qui rentre dans cet écosystème de conseils que le CGP doit à ses clients.

Là en l'occurrence, il se trouve que les choses sont bien faites, parce que cette loi est jeune, elle vient de sortir, les ordonnances datent de fin juillet. Elle n'est pas encore très diffusée publiquement ou en tout cas connu par le grand public et on le voit bien dans les sondages, un nombre très bas de clients ont une connaissance un peu plus académique de ce qu’est la loi Pacte. Je dirai que le courtier, le CGP va comme l'an dernier d'ailleurs, pour tous les autres sujets de retraite, de DDA et cetera, le CGP va une fois de plus justifier, démontrer l'intégralité de sa capacité de conseil auprès de sa clientèle. Mais c'est la bonne occasion pour montrer leurs connaissances techniques, pour montrer toute leur capacité de conseil au final sur un sujet qui est complexe. Parce que le sujet de la retraite, et des différents produits est vraiment complexe. La loi Pacte a des visées de simplification, mais simplification avec finalement un ensemble de règles qui se superposent, de fiscalité qui peuvent être difficiles à comprendre pour le profane. Le CGP va prouver une fois de plus toute sa capacité de conseil.

[00:10:07] Gilbert Roux : Revenons quelques instants sur le rôle justement des CGP dans cette situation. Est-ce qu'à l'instar de ce qui s'est passé lorsque l'IFI est arrivé en France, le CGP, d'après vous Pascal Perrier, a un rôle déterminant dans le choix des investissements que feront les clients dans les mois et années qui viennent ?

[00:10:22] Pascal Perrier: Dans votre question il y a plusieurs niveaux de réponse. Je pense que ce qui est important de dire, c'est peut-être quels ont été les impacts de l'IFI l'an dernier. Je rappelle que l'IFI sortait les valeurs mobilières de la base taxable de l'ex-impôt sur la fortune, et il conservait l'immobilier. On a vu, c'est une volonté du gouvernement par une mesure fiscale d'orienter l'épargne. On a vu, ça s'est très fortement ressenti dans les allocations d'actifs où, à fortiori, la clientèle à haut potentiel au-dessus de 250 000 euros d'encours financiers a vraiment marqué le coup et a réorienté l'épargne.

Avant de venir à votre question, la première conclusion c'est de dire que lorsqu'un gouvernement veut orienter par des mesures fiscales l'épargne et qu'il le fait de manière nette ça marche. Parce que là on l'a vu sur le terrain, on a vu que ça avait des impacts finalement assez directs entre le maintien de l'immobilier dans la base taxable et le comportement des épargnants et des clients des CGP. Ensuite effectivement, je reviens à la réponse précédente, le CGP qui est un conseiller patrimonial et un conseiller fiscal, lui doit tenir compte de toutes ces novations fiscales, ou novations en matière de retraite comme on l'a vu pour la loi Pacte, pour conseiller son client au mieux de ses intérêts dans une orientation patrimoniale et la fiscalité fonctionne, on le voit bien.

[00:12:01] Gilbert Roux : Un autre des items traités dans ce baromètre cette année, qui a été mis en exergue, ce sont les fonds ISR. C'est assez nouveau puisqu'on en parlait pas tant que ça les années précédentes, cette année on en parle. Il y a une espèce de convergence entre l'intérêt que les clients portent aux fonds ISR et celui que les CGP portent également aux fonds ISR et ça tombe bien puisqu'on a eu l'occasion de l'aborder lors d'un précédent podcast, les fonds ISR font partie de l'offre à laquelle BNP Paribas Cardif croit beaucoup. Comment expliquez-vous cette espèce de convergence de tous les intérêts aujourd'hui, vers les fonds ISR ?

[00:12:31] Pascal Perrier: L’'ISR c'est une volonté stratégique de l'entreprise marquée depuis 2008 que ça soit dans le fonds général ou dans notre offre d'UC. On s'attache vraiment à faire en sorte que les critères ESG (environnementaux, sociétaux et gouvernementaux) soient pris en compte dans les fonds et qu'on ait effectivement une gamme ISR large. Ceci étant dit qu'est-ce-qu’on voit chez les clients ? On a même pu mesurer chez les clients dans le baromètre des CGP, que finalement l'appétit pour les fonds ISR était plus important que ce qu'en pensait les CGP parce qu'on a vu qu'à peu près 50 % des clients considéraient que le caractère ISR était important dans leur appréciation de la proposition d'investissement. Ça veut dire qu'il y a un vrai marqueur qui est en train de se créer, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. Les fonds ISR sont des fonds de gestion du risque et sont des fonds qui, aujourd’hui, abordent très concrètement pour l'investisseur les sujets sociétaux qui intéressent tout un chacun aujourd'hui, que ça ne soit pas forcément en tant qu'investisseur mais chacun en tant qu'individu, on est intéressé à savoir qu'on ne pollue pas, que les entreprises se comportent correctement avec leurs employés, qu'elles ont une gouvernance et une éthique.

Ça, ce sont de vrais facteurs qui sont moteurs dans les décisions d'investissement. Je le redis, on a dit 50 % des clients le considèrent important, alors que chez les CGP on est à moins de 40 %. Quand bien même ils en proposent et je pense qu'ils vont très vite se rendre compte que promouvoir des fonds ISR, promouvoir des fonds d'entreprises qui n'investissent plus dans le carbone, qui s'occupent du bien être des entreprises qui ont eux aussi une vraie gestion de leur impact sociétal, je pense que les CGP vont très vite rebondir et en proposer encore plus. 40 % en proposent déjà mais il y a un petit retard à combler.

[00:14:35] Intervieweur: C'est un moyen pour eux de se diversifier un petit peu dans leurs offres aux clients ?

[00:14:40] Pascal Perrier: Aujourd'hui c'est comme le digital. Le digital s'impose à nous c'est là, ceux qui n'en font pas se retrouvent un peu à la remorque. Aujourd'hui l'ISR c'est un peu la même chose, c'est-à-dire que ceux qui n'en feront pas risquent d'être en retard sur la société, parce que leurs clients patrimoniaux c'est aussi la société civile, et effectivement tous les sujets d’écologie, sociétaux nous impactent tous. Je pense que ceux qui seront à la remorque ne feront pas leur travail correctement.

[00:15:13] Gilbert Roux : Vous disiez au regard de cette étude que 50 % des clients jugeaient cela important. Est-ce que selon vous, de 50 % d'important on va passer à quelque chose de déterminant dans le choix d'investissement dans les mois et les années qui viennent ?

[00:15:26] Pascal Perrier: Moi je veux dire dans les années qui viennent, oui. Moi j'ai vraiment une conviction forte qui rejoint d'ailleurs celle de l'entreprise, celle de BNP Paribas Cardif. Moi je crois que c'est une tendance lourde, une tendance de fond. C’est pour vous dire qu'il y a une vraie tendance, c'est une vague de fond sociétale dans laquelle s'intègre naturellement le groupe BNP Paribas dans sa stratégie. Encore une fois, pour BNP Paribas Cardif, depuis 2008 l'ISR est une volonté d'entreprise, c'est une stratégie d'entreprise et pour moi dans quelques années les fonds qui ne seront pas ISR seront certainement moins choisis, et les fonds qui continueront à investir : dans les industries polluantes, ça peut être l'armement, ça peut être le jeu. Moi j'ai une conviction forte, c'est que ces fonds-là vont être délaissés par les patrimoniaux, à fortiori, encore une fois je le répète, maintenant que les fonds ISR si vous voulez se comportent en matière de performance comme le reste de la cote. Ce sont des fonds qui ont non seulement des rentabilités qui peuvent se mesurer à l'aune des autres types d'industries, des autres types de fonds, qui permettent de réduire le risque à long-terme, et qui permettent aussi d'investir un petit peu dans le sociétal, et dans le vert. Vraiment pour répondre à votre question, oui moi je suis convaincu que, peut-être pas 100 %, mais en tout cas chez les investisseurs, ça serait une donnée fondamentale dans les années qui viennent. Le trend n'est pas prêt de se ralentir.

[00:16:54] Gilbert Roux : Tout à l'heure vous faisiez un parallèle entre l'investissement dans le fonds ISR et dans le digital en disant : " De toute façon aujourd'hui c'est inévitable, on va y aller quoi qu'il arrive. " Ça sera justement l'objet de ce dernier thème que nous allons aborder aujourd'hui pour ce baromètre des CGP 2019, c'est le thème digital. On a beaucoup parlé chez Cardif

[00:17:13] Pascal Perrier: L'an dernier c'était l'année du digital oui.

[00:17:15] Intervieweur: C'était vraiment l'année du digital. Finalement au regard des résultats d'études de cette année, on se rend compte que les clients là aussi sont un peu plus appétents à la digitalisation que parfois ne le pensent les CGP.

[00:17:26] Pascal Perrier: Il y a deux éléments dans votre question. Les clients sont peut-être plus appétents et les clients ont une meilleure opinion de la digitalisation des CGP que les CGP eux-mêmes. Ça c'est aussi quelque chose qu'on a pu mesurer. Pour revenir sur la digitalisation, effectivement l'an dernier, moi j'avais coutume de dire que dans les années qui viennent on ne devrait plus parler de digitalisation parce qu'elle se serait imposée et que ça serait la norme. On ne va pas continuer à parler pendant des années de quelque chose qui est là et qui s'impose, c'est comme les appareils photo numériques, pratiquement tous les appareils photos sont numériques donc on n'en parle plus. Ce dont on se rend compte en mesurant cette année l'utilisation des outils digitaux, c'est déjà que les CGP dans leur grande mesure, utilisent déjà quatre ou cinq applications digitales. Ils utilisent les applications de souscription, ils utilisent les agrégateurs, ils utilisent les applications d'après-vente, d'allocation d'actifs. Ça veut dire aussi que l'offre d'outils digitaux s'est améliorée. Je prends notre exemple. Nous n'avions pas d'outils digitaux il y a deux ans, on a construit notre parcours digital qui est pratiquement complètement terminé, aujourd'hui c'est une des meilleures solutions de la place, et la plupart aujourd'hui de nos CGP et courtiers, utilisent cette solution digitale. On voit bien que l'offre crée aussi l’utilisation. 84 % des CGP aujourd'hui utilisent des solutions digitales, au moins quatre en moyenne. Ça veut dire aussi que les outils que l'industrie fournit aux CGP sont bons et permettent aux CGP de travailler de manière plus digitale qu'ils ne le faisaient par le passé. Ça c'est quelque chose qui est extrêmement important et effectivement, pour revenir à votre propos, quand on interroge les clients plus de 60 % disent : « Nous on veut utiliser le digital, on est appétents au digital, on l'utilise tous les jours finalement dans la vie quotidienne chez nous, sur internet, et cetera. Pourquoi aujourd'hui on ne signerait pas électroniquement un acte de souscription ou un acte de rachat proposé par le CGP ? » On a une vraie poussée de clients et c'est un peu comme l'ISR d'ailleurs, les clients vont pousser encore plus pour les CGP qui ne sont pas digitalisés. Je pense qu'on verra une poussée des clients qui vont quelque part forcer les derniers résistants à la digitalisation à la mettre en œuvre. Et, ce dont on se rend compte aussi finalement, on en parlera peut-être en conclusion de ce qu'est l'industrie des CGP aujourd'hui, on voit que l'industrie, elle est en train de se rajeunir, de se moderniser. Vous avez quelque part, si je peux me permettre, l'ancien monde qui reste encore papier et qui progressivement va disparaître parce que, ce sont des CGP qui maintenant aujourd'hui ont l'âge de la retraite, qui ont cédé leur cabinet ou qui vont passer la main ; et toute la nouvelle génération ne pourra plus travailler sans digitalisation. On ne peut plus imaginer aujourd'hui, vu les volumes qui sont traités, un CGP qui ne travaille qu'avec du papier. Des CGP digitalisés, des clients digitalisés, j'aimerais conclure cette partie sur la digitalisation en disant que probablement l'année prochaine on en parlera plus parce que ce sera un fait établi. 90 % de la profession utilisera des outils digitaux et ça sera une norme.

[00:20:54] Gilbert Roux : Ça sera une norme. Est-ce que selon vous les CGP qui n'adhéreraient pas aujourd'hui encore au process de la digitalisation, c'est peut-être aussi par crainte, par peur, par méconnaissance de certains outils et par certaines pressions qu'ils pourraient avoir, que cela pourrait casser leurs relations privilégiées avec le client ?

[00:21:12] Pascal Perrier: Non parce qu'encore une fois, je le dis souvent, pour moi le digital n'est pas antinomique avec l'humain. Le digital il ne faut pas oublier que ce n'est pas une fin, le digital c'est un moyen et on est dans un métier de relation humaine, que ça soit entre le client et son CGP ou que ça soit entre le CGP et nous-mêmes. Je ne vois absolument aucun risque d'intermédiation dans la relation humaine faite par le digital. Le digital c'est un outil, rappelons-le, qui permet de sécuriser les transactions, qui permet de faire en sorte que les transactions soient plus rapides, soient mieux complétées, qu'il n'y ait plus d'erreurs et finalement que le temps passé auparavant à traiter du papier et avoir des tâches à faible valeur ajoutée aujourd'hui soit utilisé par nos collaborateurs justement à proposer un service à forte valeur ajoutée à nos clients CGP et les CGP de la même manière à leurs propres clients, plutôt que de traiter des opérations papier. Réellement, moi je n'ai aucune crainte sur le sujet et au contraire, je pense que ce métier, cette industrie de la gestion patrimoniale, c'est un métier d'Homme, c'est un métier de proximité. D'ailleurs vous ne m'avez pas posé la question sur les robo advisors. Je fais juste une parenthèse parce qu'on est un peu dans le digital, les robo-advisors ne percent pas parce que le CGP veut garder la relation avec le client et le client n'a pas envie finalement que son épargne soit gérée par une machine. Là je pense qu'on en est encore assez loin mais on reste sur un métier d'Homme.

[00:22:43] Gilbert Roux: Pascal Perrier, nous sommes arrivés au terme de cet entretien. Alors, on l'a dit, cette étude des CGP et de leurs clients est évidemment beaucoup plus complète que ce que nous avons abordé aujourd’hui. Nous avons voulu choisir trois thèmes importants que nous avons développés ensemble. Au regard justement de l'édition 2019, 13ème édition du genre, comment vous voyez évoluer la profession ?

[00:23:00] Pascal Perrier: Je pense qu'on peut répondre déjà vu sous deux angles. La première chose c'est de parler de BNP Paribas Cardif et de la longévité de notre entreprise sur le marché des CGP puisque on y est depuis 35 ans maintenant. Et le fait de pouvoir dire aujourd'hui : « ça fait 13 ans qu'on conduit cette étude, ce baromètre », démontre notre ancrage profond dans la profession des CGP et notre légitimité auprès de nos partenaires à conduire ce type d'étude et a finalement, en tirer des conclusions et à mesurer j'allais dire, l'état de la profession aujourd'hui. Ça c'était votre question.

Moi ce que je vois dans la profession aujourd'hui; je vois une profession qui a beaucoup d'avenir, qui est dynamique parce que, comme je le disais tout à l'heure, finalement ce qui compte dans une relation de ce type, dans la gestion patrimoniale, c'est la confiance qu'on accorde à un humain et les CGP ont un avantage considérable sur d'autres acteurs de la gestion de patrimoine, c'est qu'ils connaissent peut-être plus finement leurs clients, intimement en matière familiale pour être à même de leur donner finalement du conseil patrimonial, fiscal, en ingénierie, peut-être un peu plus précis et plus complet.

Pour moi c'est fondamental pour la profession, pour l'avenir positif que je vois dans la profession. Et pour terminer ce que je voulais dire c'est que cette profession, je la vois se rajeunir puisqu’aujourd'hui, j'ai en face de moi, beaucoup de CGP quarantenaires, donc c'est là toute une nouvelle génération qui vient. Une génération qui est une génération d’entrepreneurs, digitalisée, qui a une vision forte de ce marché, qui croît, qui investit ; on l'a vu tout au début de l'entretien, 8 cabinets sur 10 ont des volontés de se rapprocher, de croître, d'acquérir d'autres cabinets. C'est une profession qui a vraiment du fond, qui a des fondamentaux solides et qui a en tout cas à mes yeux, un avenir vraiment radieux.

[00:25:09] Gilbert Roux: Merci, Pascal à bientôt.

[00:25:10] Pascal Perrier: Merci

[00:25:13] Gilbert Roux: Merci d’avoir écouté l’Info en Plus. Si vous avez aimé l’émission, n’hésitez pas à la partager avec votre réseau, à donner des étoiles. N’hésitez pas non plus à nous faire part de vos remarques, de vos questions, mais aussi des sujets que vous aimeriez aborder sur l’Info en Plus. Vous pouvez nous retrouver sur LinkedIn et Twitter, sur les comptes Cardif France.

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